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En matière de prévention des escarres, chaque mobilisation compte !
Dans le cadre des actions de sensibilisation menées par le Groupe de Dépistage et de Prévention des Escarres (GDPE), Agathe Ducrocq, Infirmière clinicienne - Stomathérapeute et clinicienne en soins de plaies, revient sur l’importance de prévenir l’apparition des escarres et rappelle que toute mobilisation, même la plus « petite », est bénéfique aux patients.
Quelles sont les pratiques de base à connaître pour prévenir l’apparition d’une escarre ?
La première chose à faire, et qui est en fait une obligation légale, c’est un dépistage. Ce dépistage nécessaire et obligatoire pour cibler et prévenir de façon adaptée les patients à risque. À l’Hôpital Erasme, nous utilisons l'échelle de Braden. Ce score doit impérativement être réalisé dans les premières 48 heures de l’hospitalisation du patient, puis une fois par semaine, mais également à chaque changement d’état du patient Il comprend 6 items : La mobilitéLa nutritionL'activitéLa sensibilitéLes forces externes exercées par les frictions et cisaillementsL'humidité. En fonction du score, un protocole est appliqué afin d’adapter nos actes et notre prise en charge aux besoins du patient (dénutrition, incontinence, déshydratation, points de pression douloureux). Une approche multidisciplinaire est préconisée pour optimiser la prise en charge du patient. Pour ce faire, tous les acteurs de terrain sont impliqués, diététicienne, kinésithérapeutes. Nous utilisons également du matériel de prévention (matelas alternating, coussin…).
Pourquoi est-il si important de prévenir l’apparition des escarres ?
La prévention est un gage de qualité. L’objectif est d’éviter l’apparition d’escarre. Or, une rougeur, c’est déjà une escarre Lorsqu’elle passe inaperçue, une escarre devient une plaie qui peut se dégrader sévèrement, et rapidement d’où l’importance d’un bon dépistage et d’une bonne prise en charge Nous contrôlons régulièrement les appareillages et les points d’appui comme les talons, les fesses, les omoplates, le crâne, les hanches, entre les genoux et les chevilles, mais aussi derrière les oreilles (en raison d’une lunette à oxygène trop serrée), dans le nez (en raison d’une sonde naso-gastrique trop orientée), sur les parties génitales à cause d’une sonde vésicale ou d’une sonde rectale. Tout est important, précise Agathe Ducrocq.Une fois que l’escarre est au stade de plaie ouverte, cela devient beaucoup plus compliqué à gérer. Il faut éviter la cascade sans ça, la plaie s’élargit, s’approfondit et peut s’infecter. La dégradation devient telle que l’on doit faire appel à un chirurgien plasticien pour la suite des soins. Une escarre est un frein à la guérison. Elle constitue un risque et peut augmenter peut la durée d’hospitalisation et le temps de revalidation. Une fois que le patient va mieux et qu’il rentre chez lui, il fait l’objet d’un suivi à domicile pendant par fois plus de 6 mois ! Au-delà des contraintes que cela représente au niveau logistique (jusqu’à 3 soins par jour à domicile), il ne faut pas oublier que le patient souffre terriblement.Une meilleure prévention des escarres, et donc une meilleure anticipation de la part du personnel soignant, permet d’éviter qu’elles n’apparaissent ou ne se dégradent.L’anticipation, c’est la clé ! Bien entendu, entre la théorie et la pratique, il y a la réalité de terrain : le manque de temps, de personnel et de ressources constitue un frein au suivi strict du protocole. C’est pour cela que nous insistons sur le fait que tout le monde est impliqué, pas uniquement les infimier.e.s ou les aides-soignantes, et que toute mobilisation, même la plus petite, nous aide à faire un pas dans la bonne direction. Quand on manque de temps ou de bras, un petit coussin peut parfois faire toute la différence dans le confort du patient. Il n’y a pas de petite mobilisation !, rappelle Agathe DucrocqLe patient joue aussi un rôle dans la prévention de l’apparition d’une escarre : s’il est à risque il faut l’en informer, le stimuler à bouger autant que possible, lui montrer comment utiliser la manette de son lit pour bouger le dossier par exemple. Nous sommes tous acteurs !
Les ressources proposées par le Groupe de Prévention des Escarres (GDPE)
Le GDPE a été créé en 2023. Il s’agit d’un groupe multidisciplinaire, créé grâce à la cellule qualité, qui rassemble des infirmières, des ergothérapeutes, des kinésithérapeutes, des médecins, l’équipe supports aux soins et des diététicien.ne.s. Nous développons toute une série de supports (affiches, dépliants, newsletter) que les professionnels de la santé peuvent utiliser pour informer leurs patients sur ce qu'il faut faire et quand. Nous organisons également des séminaires et des formations pour aborder les points très précis qui concernent au quotidien des personnes qui font appel à nous pour améliorer la prévention des escarres chez leurs patients. Notre but est de toucher le plus de monde possible afin de faire de la prévention et du dépistage des escarres un réflexe et ce, que l’on soit médecin, infirmier.e, aide-soignant.e ou logisticien.ne !
Dépliant sur la prévention des escarres pour patients et aidants
Prévention des escarres chez les patients à risque - Mémo
Prévention des escarres - Protocole de soins
Le Groupe de Prévention des Escarres de l'H.U.B a développé un mémo reprenant le protocole de soins détaillé pour prévenir les escarres chez les patients à risque ou éviter leur aggravation. Pour recevoir ce protocole de soins, merci de nous contacter par email.
Je souhaite recevoir le mémo sur le protocole de soins pour les escarres