Qu'est-ce qu'une cardiopathie congénitale ?

Une cardiopathie congénitale est une malformation du cœur ou des gros vaisseaux présente dès la naissance. Ces anomalies se développent au cours de la grossesse. Elles peuvent être très variées : certaines sont légères et passent inaperçues, d’autres nécessitent une prise en charge médicale ou chirurgicale dès les premiers jours de vie.

Grâce aux progrès médicaux, la majorité des enfants atteints grandit et devient adulte, ce qui transforme la cardiopathie congénitale en une condition qui doit être suivie tout au long de la vie

Quels sont les principaux types de cardiopathies congénitales ?

On peut classer les malformations cardiaques de naissance en plusieurs familles :

1. Les “trous et communications anormales dans le cœur”

Il s’agit de petites ouvertures ou des connections anormales qui ne devraient pas exister entre les cavités du cœur.

  • Communication interauriculaire (CIA) : petit trou entre les deux oreillettes (les cavités du haut).
  • Communication interventriculaire (CIV) : trou entre les deux ventricules (les cavités du bas).
  • Canal atrioventriculaire (CAV) : un plus grand défaut qui touche à la fois les oreillettes et les ventricules.
  • Persistance du canal artériel (PCA) : un petit tuyau qui relie normalement le cœur et les poumons pendant la grossesse ne se ferme pas après la naissance.
  • Connexion veineuse pulmonaire anormale : les veines qui apportent le sang oxygéné des poumons ne se branchent pas correctement.

2. Les anomalies valvulaires et “rétrécissements”

Les valves cardiaques sont comme des “portes” qui régulent le passage du sang. Elles peuvent être malformées.  Dans le cas d’une sténose, le sang circule difficilement car une valve ou un vaisseau est trop étroit.

  • Anomalie d’Ebstein : la valve tricuspide (entre l’oreillette et le ventricule droit) est mal placée ou fonctionne mal.
  • Dysplasie valvulaire : une valve a une forme anormale et ne ferme pas bien.
  • Sténose pulmonaire : la sortie vers les poumons est rétrécie.
  • Sténose aortique : la sortie vers le reste du corps est rétrécie.
  • Coarctation de l’aorte : une partie de l’aorte (la grande artère qui apporte le sang au corps) est pincée.

3. Les malformations qui donnent une mauvaise oxygénation (cyanogènes)

Elles font que le sang n’est pas assez bien oxygéné, ce qui peut donner une peau ou des lèvres bleuâtres.

  • Tétralogie de Fallot : une combinaison de 4 anomalies qui perturbent la circulation.
  • Transposition des gros vaisseaux (TGV ou TGA) : les deux grosses artères sont “inversées”, ce qui fait circuler le sang au mauvais endroit.
  • Tronc artériel commun : au lieu d’avoir deux sorties (une pour les poumons, une pour le corps), il n’y a qu’une seule artère.
  • Atrésie pulmonaire : la valve qui laisse passer le sang vers les poumons est absente.

4. Les malformations avec un seul ventricule fonctionnel :

  • Atrésie tricuspide : la valve tricuspide et le ventricule droit sont trop petits.
  • Syndrome du cœur gauche hypoplasique : une partie du cœur gauche est trop petite et ne fonctionne pas bien.
  • Ventricule unique : le cœur ne fonctionne qu’avec une seule cavité principale au lieu de deux. 

À retenir : 

  • Certaines cardiopathies sont simples et bénignes (comme un petit trou qui se ferme tout seul). 

  • D’autres sont plus complexes et nécessitent une opération dès les premiers jours de vie. 

  • La bonne nouvelle : grâce aux progrès de la médecine, la plupart des enfants atteints deviennent aujourd’hui des adultes qui mènent une vie active. 

 

Quels sont les symptômes des cardiopathies congénitales ?

Les signes varient selon le type et la sévérité : 

  • Essoufflement rapide, surtout lors de l’alimentation ou de l’effort ;
  • Fatigue inhabituelle ;
  • Mauvaise prise de poids ou retard de croissance chez l’enfant ;
  • Coloration bleutée des lèvres, de la peau ou des ongles (cyanose) ;
  • Infections respiratoires fréquentes ;
  • Palpitations ou troubles du rythme cardiaque. 

Certaines malformations restent silencieuses et ne sont découvertes qu’à l’occasion d’un examen. 

Prévalence en Belgique 

  • Environ 8 naissances sur 1.000 concernées, soit près de 800 nouveaux cas par an. 

  • Aujourd’hui, plus de 90 % des enfants atteints survivent jusqu’à l’âge adulte grâce aux progrès médicaux et chirurgicaux. 

  • On estime à plus de 50.000 adultes en Belgique vivant avec une cardiopathie congénitale, ce qui en fait une réalité importante en santé publique. 

Comment traiter les cardiopathies congénitales ?

Prise en charge à l’Hôpital Universitaire de Bruxelles

1. Prise en charge pédiatrique

  • Diagnostic prénatal : certaines anomalies sont détectées avant la naissance grâce à l’échographie fœtale.
  • À la naissance et dans l’enfance : les enfants sont suivis par des cardiologues pédiatriques spécialisés.
  • Les soins peuvent inclure :
    • Traitements médicamenteux pour soutenir le cœur ou corriger un trouble du rythme ;
    • Chirurgie cardiaque (parfois dès les premiers jours de vie) ;
    • Interventions par cathéter (pose de stents, fermetures de communications cardiaques, dilatations, etc.) ;
    • Suivi du développement (croissance, alimentation, scolarité, activité physique).

2. Transition vers les soins adultes

Vers l’adolescence, un processus de transition est mis en place.

Objectifs :

  • Préparer le jeune à gérer sa maladie et son traitement ;
  • L’aider à comprendre son dossier médical et l’importance du suivi à long terme ;
  • Organiser le passage progressif du suivi en pédiatrie vers une équipe adulte spécialisée en cardiopathies congénitales.

Cette étape est cruciale pour éviter les pertes de suivi, fréquentes à l’adolescence, et réduire les complications à l’âge adulte.

3. Soins à l’âge adulte

Les adultes porteurs d’une cardiopathie congénitale doivent bénéficier d’un suivi régulier dans des centres spécialisés (souvent appelés GUCH – Grown-Up Congenital Heart disease clinics). Leur prise en charge comprend :

  • Surveillance à vie : échocardiographies, IRM cardiaques, électrocardiogrammes, bilans réguliers ;
  • Traitements adaptés : médicaments, interventions de reprise chirurgicale ou par cathéter si nécessaire ;
  • Prévention des complications : troubles du rythme, insuffisance cardiaque, hypertension pulmonaire, endocardite infectieuse ;
  • Expertise en circulation pulmonaire et en génétique cardiovasculaire
  • Vie quotidienne : conseils pour le sport, le travail, les voyages, la contraception et la grossesse ;
  • Accompagnement psychologique et social : soutien pour vivre avec une maladie chronique.

L’H.U.B offre une prise en charge complète incluant même la transplantation cardiaque (centre de référence belge). 

Vos spécialistes

À l’Hôpital Erasme 

Prof. Antoine Bondue 
Cardiologue 
Directeur du Service de Cardiologie de l’H.U.B 

Dr. Renaud Dendievel 
Cardiologue interventionnel 

Dr. Marielle Morissens 
Cardiologue  
Clinique des Cardiopathies Congénitales 

Prendre rendez-vous 
Tél.: +32 (0)2 555 39 60 
email : Cons [dot] Cardio [dot] erasme [at] hubruxelles [dot] be (Cons[dot]Cardio[dot]erasme[at]hubruxelles[dot]be)  

 

À l’HUDERF 

Dr Nicolas Arribard 
Cardiologue pédiatrique 

Dr Hugues Dessy  
Cardiologue pédiatrique 
Spécialisé dans le diagnostic anténatal 
Directeur du Service de Cardiologie pédiatrique de l’HUDERF 

Dr Laura Slegers 
Cardiologue pédiatrique 
Spécialisé dans le diagnostic anténatal 
 
Prendre rendez-vous 
Tél.: +32 (0)2 477 31 79  
email : Call2 [dot] Accueil [dot] huderf [at] hubruxelles [dot] be (Call2[dot]Accueil[dot]huderf[at]hubruxelles[dot]be)  
 
Découvrez le Service de Cardiologie Pédiatrique de l’HUDERF 

FAQ sur les cardiopathies congénitales

  • 1. Une cardiopathie congénitale est-elle toujours grave ?

    Non. Certaines sont bénignes et n’exigent qu’un suivi léger. D’autres nécessitent une surveillance ou des interventions.

  • 2. Peut-on prévenir une cardiopathie congénitale ?

    La plupart non, car elles dépendent de facteurs complexes. Une bonne préparation de la grossesse (prise d’acide folique, suivi médical régulier, éviter alcool et tabac) réduit certains risques.

  • 3. Est-ce que les cardiopathies congénitales sont héréditaires ?

    Non, les cardiopathies congénitales ne sont pas forcément héréditaires. Dans la majorité des cas, elles apparaissent de façon « isolée », sans qu’il y ait d’antécédents familiaux connus. Elles résultent souvent d’une combinaison complexe de facteurs : environnementaux pendant la grossesse (par exemple : infections virales comme la rubéole, prise de certains médicaments, consommation d’alcool, diabète mal contrôlé) ; et parfois de facteurs génétiques spontanés (anomalies chromosomiques ou mutations qui ne sont pas transmises par les parents). Dans environ 10 à 15 % des cas, il existe une composante génétique identifiable : transmission familiale (plusieurs membres d’une même famille atteints) ; association à des syndromes génétiques (ex. : trisomie 21, syndrome de DiGeorge, syndrome de Noonan, etc.). 

  • 4. Si mon enfant naît avec une cardiopathie congénitale, quel est le risque que mes futurs enfants en aient une également ?

    Si un enfant est né avec une cardiopathie congénitale, le risque qu’un frère ou une sœur soit également concerné est plus élevé que dans la population générale (souvent entre 2 et 6 %, selon le type de malformation et l’histoire familiale). Ce risque justifie parfois un suivi particulier lors de grossesses ultérieures (échographie fœtale ciblée). 

  • 5. Si un parent (père ou mère) est atteint de cardiopathie congénitale, y a-t-il un risque pour les enfants ?

    Oui, le risque est légèrement plus élevé que dans la population générale. Selon le type de malformation, il varie entre 2 et 10 %. Le risque est en général un peu plus important si la mère est atteinte. Ce risque justifie une échographie cardiaque fœtale pendant la grossesse, afin de dépister précocement une éventuelle malformation. 

  • 6. Les enfants atteints peuvent-ils avoir une vie normale ?

    Dans la majorité des cas, oui. Ils vont à l’école, jouent, grandissent, mais doivent suivre les recommandations médicales et avoir des bilans réguliers.

  • 7. Peut-on guérir d’une cardiopathie congénitale ?

    Une cardiopathie congénitale n’est presque jamais « guérie » une fois pour toutes. Même après une chirurgie réussie, des complications ou des réinterventions peuvent survenir à l’âge adulte. D’où l’importance d'une bonne transition entre pédiatrie et âge adulte pour la continuité du suivi.

  • 8. Une femme avec une cardiopathie congénitale peut-elle avoir une grossesse ?

    Oui, dans de nombreux cas, mais avec un suivi spécialisé. Certaines situations nécessitent une surveillance accrue, et rarement la grossesse peut être déconseillée.