Reprendre le volant après un AVC : ce qu’il faut savoir

Reprendre la conduite après un AVC n’est jamais une décision à prendre à la légère. Entre législation stricte, bilan médical et évaluation fonctionnelle, plusieurs étapes doivent être respectées pour garantir la sécurité du patient… et celle des autres usagers de la route. Lire la suite

Conduire après un AVC : plus qu'une décision, une responsabilité !

Reprendre la conduite après un AVC n’est jamais une décision à prendre à la légère. Entre législation stricte, bilan médical et évaluation fonctionnelle, plusieurs étapes doivent être respectées pour garantir la sécurité du patient… et celle des autres usagers de la route.

Pour clarifier les démarches, nous avons rencontré Alice Rinquet, Neuropsychologue au CRFNA de l’Hôpital Erasme – H.U.B, et Koen Verkammen, expert en aptitude à la conduite, ergothérapeute au CARA (Centre d’Aptitude à la Conduite et d’Adaptation des Véhicules). Ensemble, ils nous expliquent comment accompagner au mieux la reprise de la conduite après un AVC.

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Panneau Routier Belgique - reprendre la conduite après un AVC - Hôpital Universitaire de Bruxelles

Que dit la loi après sur la conduite après un AVC ?

« Après un AVC, la personne est légalement inapte à la conduite pendant 6 mois. Cela s’applique à tous, qu’on conduise seul ou accompagné », explique Koen Verkammen.

Durant cette période, le permis de conduire est considéré comme invalide. Le patient doit le restituer à sa commune, conformément à l’Arrêté royal du 23 mars 1998, qui encadre les critères médicaux pour l’aptitude à la conduite. 

Une fois les 6 mois écoulés, la reprise du volant dépend de l’état de santé et des séquelles éventuelles. Le permis de conduire ne redevient pas automatiquement valide : des démarches sont obligatoires.
 

Quelles sont les conditions pour reprendre la conduite après un AVC ?

« Si la personne ne présente plus de troubles fonctionnels, cognitifs ou visuels, n’importe quel médecin peut délivrer une attestation médicale modèle 7, qui permet de récupérer un permis à la commune », indique Koen Verkammen.

En revanche, en cas de troubles (visuels, moteurs ou cognitifs), le patient doit être orienté vers le CARA, qui procédera à une évaluation approfondie, souvent complétée par une évaluation pratique de conduite. Cela donne lieu à une attestation médicale modèle 12, nécessaire pour obtenir un permis restreint ou adapté.

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Evaluation à la conduite après un AVC - Conduite et AVC - Hôpital Universitaire de Bruxelles

Conduite et AVC : en quoi consiste l'évaluation du CARA ?

« Tout dépend du profil du patient. Le CARA examine les troubles cognitifs, visuels, moteurs, l’impact des traitements, et la capacité à compenser les déficits. », explique Alice Rinquet.

Les tests réalisés peuvent inclure :

  • Une évaluation neuropsychologique, si des troubles cognitifs sont suspectés ;
  • Un examen ophtalmologique, en cas de suspicion de perte de champ visuel ;
  • Une évaluation pratique de conduite en conditions réelles, réalisé par un expert en aptitude à la conduite, souvent un(e) ergothérapeute.

« On observe comment le patient se comporte au volant : oublis de panneaux, conduite désaxée, vitesse inadaptée... Cela nous renseigne sur son attention, sa coordination et ses capacités d’adaptation », ajoute Koen Verkammen.

Si nécessaire, des aides techniques (boîte automatique, boule au volant, etc.) sont testées pour compenser les limitations physiques.

Pourquoi un contrôle annuel est-il parfois imposé ?

Dans certains cas, le permis délivré après un AVC est limité à un an. Pourquoi ?

« Le risque de récidive ou de complications liées à une autre maladie (comme l’épilepsie par exemple) est élevé dans les premiers mois. Un permis d’un an permet de s’assurer que la situation reste stable. Dans d'autres cas, la loi impose cette limitation de durée », raconte Koen Verkammen.

En cas de maladie évolutive (comme la sclérose en plaques), le patient devra repasser régulièrement par le CARA, parfois pendant plusieurs années.

Reconduire après un AVC : quelles sont les démarches ?

Dès que le patient envisage de reconduire, il doit :

  1. Consulter son médecin (neurologue ou généraliste) pour une première évaluation.
  2. Obtenir une attestation médicale (modèle 7 ou modèle 12, selon les cas).
  3. Si nécessaire, remplir avec l’aide d’un professionnel (ex : neuropsychologue) le formulaire de demande pour le CARAformulaires disponibles ici.

« À l’Hôpital Erasme - H.U.B, nous aidons les patients à constituer leur dossier CARA : antécédents médicaux, traitements, troubles cognitifs ou visuels, évolution… Il est essentiel de fournir un dossier le plus complet possible », précise Alice Rinquet.

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Formulaire médical - Conduite et AVC - Hôpital Universitaire de Bruxelles

Quel est le rôle de l'hôpital ?

L’Hôpital Erasme – H.U.B accompagne les patients dans cette démarche :

  • Première évaluation neuropsychologique en interne ;
  • Envoi du dossier complet au CARA, avec formulaire médical ;
  • Aide à la complétion des documents administratifs.

« Même si le patient ne vient pas ou plus chez nous, un test cognitif pourra de toute façon être demandé par le CARA si des doutes subsistent », explique Alice Rinquet.

Quels sont les frais induits ?

Bonne nouvelle : les évaluations médicales et pratiques au CARA sont gratuites, car elles sont prises en charge par les gouvernements régionaux (Flandre / Bruxelles)

Cependant :

  • Les éventuelles heures de conduite dans une auto-école sont à la charge du patient, sauf si il y a une intervention financière autorisée par l’IRIS Care ou le VAPH ;
  • Les adaptations du véhicule peuvent être en partie remboursées, mais restent coûteuses.

« Notre objectif est de trouver la meilleure solution de compensation, en veillant à limiter les frais pour le patient, tout en assurant sa sécurité », conclut Koen Verkammen.