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"Pont de Connexion" : tisser des liens pour mieux sortir de l’hôpital
Un projet inédit pour offrir aux patients hospitalisés sous observation protectrice un lien vers l’extérieur, durant leur séjour, pour soutenir la réinsertion et surtout lutter contre l’isolement et la stigmatisation.
Un projet inédit voit le jour à l’Hôpital Erasme dans l’unité de psychiatrie Sud-Est. En partenariat avec l’ASBL Similes et le réseau Family Home Hospital Support (FHS), l’équipe lance une initiative appelée “Pont de Connexion”. L’objectif ? Offrir aux patients hospitalisés sous observation protectrice un lien vers l’extérieur, durant leur séjour, pour soutenir la réinsertion, et surtout lutter contre l’isolement et la stigmatisation. Un nouveau souffle dans un service souvent mal compris Au 9ème étage de l’Hôpital Erasme H.U.B, l’unité de psychiatrie Sud-Est prend en charge des personnes en crise aiguë, hospitalisées sous observation à la demande d’un juge. Il s’agit de patients dont la souffrance psychique nécessite une mise à l’abri temporaire, dans un cadre sécurisé. Mais ce cadre, nécessaire, s’avère enfermant. « On parle souvent de la psychiatrie comme d’un monde clos, voire inquiétant », explique Axelle Dejardin, psychologue clinicienne. « Pourtant, ce que nous cherchons ici, c’est à recréer du lien, de la compréhension, et à tendre la main à celles et ceux qui vivent avec un trouble psychique, sans les réduire à leur diagnostic. »
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Une alliance inédite avec l’extérieur
Le projet "Pont de Connexion", qui débutera en octobre 2025, est né d’un constat partagé entre collègues de différentes fonctions, et notamment : Axelle Dejardin, psychologue ; Mariana Athanassiu, éducatrice spécialisée ; Jalila Nsis, infirmière en psychiatrie ; Sigried Apper, assistante sociale et Ulrich Tchamba, infirmier en psychiatrie ; Dr. Youssouf Ramdani, Psychiatre : trop souvent, après les 40 jours de mise en observation, les patients sortent sans relais extérieur, sans accompagnement, qui augmente le risque de rechute et de réhospitalisation. C’est là qu’intervient l’ASBL Similes et le réseau Family Home Hospital Support (FHS), un collectif de travailleurs psychosociaux formés à l’écoute, proposant un soutien pour les patients mais aussi pour leurs proches. Leur approche ? L’Open Dialogue : un modèle venu de Finlande, fondé sur la transparence, l’inclusion, le respect du rythme de chacun et la parole partagée. Le patient est acteur de son soin, et peut inviter aux rencontres les personnes importantes de son quotidien : amis, voisins, médecin traitant, famille. Créer un pont depuis l’hôpital, pas après Ce projet permet la tenue de rencontres en cercle, à l’hôpital même, avec certains patients, l’équipe Pont de Connexion et du réseau FHS, dans un espace de parole bienveillant. « On ne parle pas forcément de traitement, mais de vie, de projets, de difficultés concrètes », précise Mariana Athanassiu. « L’idée est de connecter la personne à ses ressources, de réactiver les liens, que la sortie ne soit une rupture. » Un vendredi sur deux, les patients intéressés assistent à une séance d’information au sein de l’unité d’hospitalisation. L’autre vendredi est consacré aux rencontres entre le patient, l’équipe Pont de Connexion et le réseau FHS.
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Un projet pilote... et une ambition collective
Ce type d’accompagnement est rare en hôpital général, encore plus dans un contexte de mise en observation, où les libertés sont limitées. Pourtant, l'équipe croit en l’impact positif de ce projet sur le bien-être des patients et des soignants, la fluidité des soins et la réduction des hospitalisations répétées. Ce pont symbolique est aussi un geste fort de déstigmatisation. « Les troubles psychiatriques peuvent toucher tout le monde. Nous voulons sortir du silence, montrer qu’il y a des solutions humaines, respectueuses, et porteuses d’espoir. » Unité Sud-Est : entre crises et humanité L’unité accueille des adultes en crise sévère (psychoses, troubles graves de l’humeur, conduites addictives...). La durée de séjour est en principe de 40 jours, décidée par le juge de paix. Mais la réalité est plus complexe. « Ce sont souvent des patients sans ressource, sans réseau », explique l’infirmière Jalila Nsis. Faute de moyens, certains patients multi-diagnostiqués ou dans des situations de précarité peinent à trouver une place dans un service adapté. L’équipe tente donc de répondre aux urgences somatiques et psychiques, avec beaucoup de créativité et de solidarité. Vers une psychiatrie plus inclusive Dans cette optique, de nombreuses activités thérapeutiques ouvertes aux patients et au personnel hospitalier sont également proposées : ateliers créatifs, séances de relaxation ou encore atelier de mouvements. Un moyen de faire tomber les murs invisibles, entre disciplines, entre métiers, entre pathologies. L’unité souhaite revaloriser l’image de la psychiatrie et lutter contre les clichés tenaces. Un écran d’information sera installé à l’entrée, des brochures mises à disposition. Et l’équipe espère que d’autres hôpitaux suivront cette voie. Le projet Pont de Connexion incarne une conviction simple : la psychiatrie peut et doit être un espace de réhabilitation, de rencontre et de sens. « La maladie n’efface pas la personne. Elle ne devrait jamais effacer ses droits, sa dignité, ni son besoin de lien », conclut Axelle Dejardin.
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Pont de Connexion – ce qu’il faut retenir : Séances d’information tous les 15 jours pour les patientsRencontres avec des représentants du réseau Family Home Hospital Support (FHS) dans l’unitéLancement : 3 octobre 2025Projet pilote porté par l’unité Sud-Est du Service de Psychiatrie de l’Hôpital Erasme H.U.B pontdeconnexion [dot] psy [dot] erasme [at] hubruxelles [dot] be (pontdeconnexion[dot]psy[dot]erasme[at]hubruxelles[dot]be)
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