Maladies du foie liées à l’alcool : un enjeu de santé publique et d’équité sociale

Et si notre foie racontait notre quotidien ? Entretien avec le Dr. Laura Weichselbaum, Gastro-Entérologue à l'H.U.B, qui vient de publier un article sur le sujet dans la revue Journal of Hepatology Reports. Lire la suite.

Et si notre foie racontait notre quotidien ?

Le foie, cet organe discret mais essentiel, est aujourd’hui au cœur d’une alerte sanitaire silencieuse. La Dr Laura Weichselbaum a récemment rédigé un article de revue dans “JHEP Reports” (Journal of Hepatology Reports) expliquant que les maladies du foie liées à la consommation d’alcool touchent plus durement les populations en situation socio-économique défavorisée. Une réalité qui mérite d’être regardée avec humanité, lucidité… et responsabilité collective.

Des comportements à risque liés à un contexte de vie

Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’une affaire de « grands crus » ni d’une consommation festive ponctuelle. Ce sont des habitudes comme le binge drinking (boire beaucoup en peu de temps) associées à une mauvaise alimentation, un indice de masse corporelle élevé, et encore une forte consommation de tabac, qui forment un cocktail dangereux. Ces comportements à risque sont souvent exacerbés par des contextes de vie marquées par l’insécurité économique et sociale, un accès limité aux soins de santé, ainsi qu’ un entourage insuffisamment informé.
 

“Aujourd’hui, de nombreuses analyses montrent qu’ à consommation égale d’alcool, les dommages pour la santé sont trois fois plus élevés chez les personnes défavorisées, et ce, même en tenant compte d’ autres  facteurs de risque tels que l’obésité ou la consommation de tabac” indique la Dr Weichselbaum
 

Des inégalités face à la santé

Les données montrent que les maladies du foie liées à l’alcool sont surreprésentées dans les milieux défavorisés. Cela ne s’explique pas nécessairement par une consommation plus élevée, mais plutôt par une exposition fréquente à plusieurs facteurs de risque simultanés. De plus, lorsque la maladie du foie se développe, le dépistage intervient souvent tardivement, en raison d’un suivi médical insuffisant.

« La maladie du foie est silencieuse.  En tant que soignant, il est de notre devoir d’être sensible au vécu de notre patient afin de lui proposer le parcours de soin adapté et éventuellement l’inviter à se faire dépister.»

 

Agir tôt, agir mieux : pour une santé plus équitable

La bonne nouvelle ? Il est possible d’agir.

  • En sensibilisant sans culpabiliser, pour que chacun·e puisse comprendre les risques et les signaux d’alerte.
  • En proposant un dépistage plus accessible, notamment en conscientisant les médecins généralistes et spécialistes aux risques associés au statut socio-économique.
  • En accompagnant les publics concernés à se faire dépister et en informant davantage sur les risques liés à l’alcool.
     

Et si la fiscalité devenait un levier de prévention ?

Dans certains pays, certaines taxes ont été mises en place pour limiter la consommation d’alcool. 

“Peut-être devrions-nous sensibiliser nos décideurs belges à mettre en place des taxes ciblées sur les produits alcoolisés ou conditionnés pour favoriser le binge drinking et ainsi limiter la consommation à risque, tout en finançant des actions de santé publique.” 
 

Ensemble, prenons soin de notre foie… 

La sensibilisation, la prévention et le dépistage pourraient éviter des maladies du foie parfois incurables. 

“Je me permets de rappeler que, même si l’idéal reste de limiter la consommation d’alcool au minimum, il est recommandé de ne pas dépasser 2 verres par jour pour les femmes et 3 pour les hommes.”
 

Pour toute information complémentaire ou prise de rendez-vous pour un dépistage sur la santé de votre foie, contactez le service de Gastro-Entérologie par email à Cons [dot] GastroMed [dot] erasme [at] hubruxelles [dot] be (Cons[dot]GastroMed[dot]erasme[at]hubruxelles[dot]be) ou par téléphone au +32 (0)2 555 35 04.