L’H.U.B facilite l’accès à une prise en charge spécialisée pour la dépression résistante

Le Service de Psychiatrie de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B) ouvre une consultation ambulatoire spécialisée, offrant un accès rapide à des traitements innovants et à une prise en charge globale des patients atteints de dépression résistante. En savoir plus.

Interview avec le Pr. Pierre Oswald, Directeur du Service de Psychiatrie et le Dr. Youssouf Ramdani, Psychiatre.

La dépression est une maladie fréquente. Elle peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment de la vie. Dans la plupart des cas, les traitements permettent une amélioration sensible. Mais pour certaines personnes, malgré des traitements bien suivis, les symptômes restent très présents : fatigue, perte de plaisir, douleurs, anxiété, perte d’espoir… On parle alors de dépression résistante.

Qu’est-ce que la dépression résistante ?

Cela signifie simplement que les traitements habituels n’ont pas suffisamment aidé, pas que « rien ne peut fonctionner ». La dépression résistante n’est pas une maladie incurable, ni une fatalité. C’est une forme de dépression récurrente qui nécessite d’autres approches, parfois plus intensives ou plus innovantes.

D'après le Pr Pierre Oswald : « Une personne en dépression résistante n’est pas “condamnée”. Nous disposons aujourd’hui de nombreuses options thérapeutiques efficaces pour l’aider. »

Pourquoi la dépression peut-elle résister ?

Parce que la dépression touche la personne dans sa globalité :

  • L’humeur,
  • L’énergie,
  • Le sommeil,
  • La concentration,
  • L’appétit,
  • Les douleurs,
  • La vie relationnelle,
  • La manière de se voir, de voir le passé et l’avenir.

Il est donc logique qu’un traitement unique ne suffise pas toujours. C’est pourquoi l’H.U.B propose une prise en charge complète, qui agit à la fois sur le corps, le mental et le mode de vie.

Quelles sont les solutions proposées à l’H.U.B ?

1. Les traitements médicamenteux classiques et renforcés

Il existe plusieurs familles de médicaments antidépresseurs. Lorsqu’un premier traitement ne fonctionne pas suffisamment, le psychiatre peut changer de molécule, augmenter progressivement la dose ou associer deux traitements pour en améliorer l’efficacité.

Ces ajustements sont courants, ils permettent simplement de trouver la formule qui convient à chaque personne, car nous ne réagissons pas tous de la même façon.

Dans certains cas plus sévères, un traitement peut être donné par injection ou par perfusion, ce qui permet d’agir plus rapidement. Ce type d’intervention se déroule toujours dans un cadre sécurisé et accompagné.

2. Les thérapies psychologiques

Les thérapies jouent un rôle majeur dans l’amélioration et la prévention des rechutes. Elles ne remplacent pas les médicaments, mais elles complètent très efficacement les traitements.

Voici quelques exemples :

  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) - Elle aide à repérer les pensées automatiques négatives (“je ne vaux rien”, “rien ne changera jamais”) et à les remplacer par des pensées plus réalistes et plus apaisantes. Elle donne aussi des outils concrets pour agir au quotidien.
  • La Désensibilisation et le Retraitement par les Mouvements Oculaires (EMDR) - Cette approche est utilisée lorsque des souvenirs douloureux ou des traumatismes entretiennent la dépression. Elle permet de “désensibiliser” l’émotion liée à ces souvenirs pour qu’ils fassent moins souffrir.
  • La Relaxation, la méditation, le mindfulness - Ces techniques aident à calmer le mental, réduire les ruminations, diminuer l’angoisse et ramener la personne dans l’instant présent. Elles sont très utiles lorsque la dépression s’accompagne de stress ou d’épuisement.
  • Les thérapies psychocorporelles - Elles passent par le corps : respiration, mouvements doux, prise de conscience des sensations. Elles sont particulièrement efficaces lorsque la dépression provoque des douleurs physiques, une tension constante ou une sensation de “blocage”.

Pourquoi ces thérapies sont si importantes ?

Parce qu’elles permettent d’agir sur les symptômes que les médicaments traitent moins bien : la culpabilité, les pensées envahissantes, la douleur morale, les difficultés relationnelles ou la perte de confiance en soi.

3. Les traitements physiques

Dans certaines situations, des traitements agissant sur le cerveau peuvent être proposés.

Electroconvulsivothérapie (ECT) qui est un traitement moderne, médicalement très encadré et sans rapport avec les images véhiculées par certains films. Voici la réalité de l’ECT :

  • Elle se déroule sous anesthésie courte (comme pour une petite intervention médicale),
  • La personne ne ressent rien, aucune douleur,
  • Tout est surveillé par une équipe médicale formée et expérimentée.

L’ECT est utilisée uniquement dans des cas particuliers, comme par exemple, lorsque la dépression est extrêmement sévère, avec un risque vital ou une impossibilité totale de s’alimenter. Dans ces situations, elle peut être très efficace et très rapide, ce qui peut sauver des vies. Le psychiatre prend toujours le temps d’expliquer et de répondre à toutes les questions. Rien n’est fait sans l’accord du patient.

4. Le travail sur le mode de vie

Il ne s’agit pas de “donner des conseils” : le mode de vie fait réellement partie du traitement. Lorsque le sommeil ou l’alimentation sont perturbés depuis longtemps, ou que l’activité physique est très faible, le cerveau lui-même en souffre et la dépression se renforce. À l’H.U.B, les équipes accompagnent les patients à améliorer :

  • Le sommeil - Comprendre le rythme du corps, retrouver des horaires réguliers, traiter l’insomnie (ne pas réussir à dormir ou se réveiller souvent) ou l’hypersomnie (trop dormir).
  • L’alimentation - Certaines personnes perdent l’appétit, d’autres mangent pour calmer une douleur morale. Un soutien personnalisé permet d’éviter les carences et de stabiliser l’énergie.
  • L’activité physique - Elle améliore l’humeur autant que certains médicaments et aide à diminuer l’anxiété.
     Aucun niveau sportif n’est demandé : quelques minutes par jour suffisent pour commencer.
  • La gestion du stress - Respiration, relaxation, pleine conscience, organisation du quotidien : autant d’outils qui rendent les journées plus légères et préviennent les rechutes.

Une nouvelle consultation ambulatoire dédiée à la dépression résistante : un accès rapide et efficace

L’H.U.B a ouvert une consultation spécialisée, permettant d’accéder à un traitement innovant : l’eskétamine. Ce traitement agit différemment des antidépresseurs classiques et permet, chez 60 % des patients, une amélioration notable lorsque les autres traitements n’ont pas fonctionné.

Pourquoi est-ce une avancée importante ?

  • Le traitement est remboursé pour les épisodes dépressifs résistants (selon les règles de l’INAMI).
  • Il ne nécessite pas d’hospitalisation : tout se fait en consultation, avec une surveillance infirmière et médicale.
  • Une fois la démarche validée par un psychiatre, les rendez-vous sont rapides, alors que d’autres centres belges ont des listes d’attente très longues.
  • Il s’agit d’un traitement complémentaire, qui vient s’ajouter aux antidépresseurs habituels.

Pour le Dr Youssouf Ramdani : « Ce traitement n’est pas miraculeux, mais il offre une chance supplémentaire à des personnes parfois bloquées dans une souffrance qui dure depuis longtemps. »

Pourquoi une prise en charge en ambulatoire ?

Parce qu’il n’est plus nécessaire, aujourd’hui, d’être hospitalisé pour bénéficier d’un traitement spécialisé. L’objectif est de :

  • Proposer des solutions flexibles et de proximité aux habitants de la région,
  • Raccourcir les délais pour recevoir de l’aide,
  • Assurer une continuité de suivi avec les soignants habituels.

L’H.U.B : un lieu où l’on prend soin de toute la personne

La prise en charge de la dépression se fait en équipe : psychiatres, psychologues, infirmiers, spécialistes du sommeil, diététiciens, algologues, etc. L’objectif est que plus aucun patient ne doive “errer” entre différents services ou centres.

« Les troubles psychiques et physiques sont liés. Une personne ne se résume jamais à ses symptômes. Notre mission est de l’accompagner dans sa globalité. » conclut Pr Pierre Oswald

 

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Téléphone : +32 (0)2 555 43 20
Email: Cons [dot] Psy [dot] erasme [at] hubruxelles [dot] be ( Cons[dot]Psy[dot]erasme[at]hubruxelles[dot]be)

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